Papillons de notre enfance

Pensez à un champ d'herbes hautes de votre enfance, et vous verrez danser des papillons. La présence des animaux est un cadeau de la nature.

J'ai passé mon enfance, avec mon frère Frank, à chasser les papillons dans les chemins creux des campagnes et les champs de luzerne et d'herbe haute. Nos parents ayant délaissé les vacances en bord de mer, nous avons découvert les délices de la Provence, et, partis chaque matin pour des expéditions de plusieurs kilomètres dans les garigues, nous rentrions à moitié morts juste à temps pour mettre les pieds sous la table. Que de découvertes nous fîmes ! Car le papillon mène à tous les trésors de la nature: les coléoptères, les araignées, les libellules, les grenouilles, les poissons nichés dans les flaques d'eau, les cristaux des pierres, les fossiles, sans parler des paysages, des rayons du soleil dansant dans les arbres, des parfums des plantes et de la terre, des escalades et des glissades. Mais les papillons restent les papillons. Rien n'égale le ravissement que procure la découverte d'un papillon vu pour la première fois, et le spectacle d'un grand papillon butinant à quelques pas de vous, qui vous laisse tremblant, le filet à la main, incapable du moindre mouvement.

Un grand mathématicien qui collectionnait les papillons m'a raconté qu'un explorateur du XIXème, entomologiste passionné qui arpentait les forêts primaires de Papouasie, s'était évanoui en attrapant un papillon. Il s'agissait d'un ornithoptère, famille de papillons tropicaux ainsi dénommée car leur battement d'aile est semblable à celui des oiseaux. Je le crois. Les ornithoptères sont plus que des bijoux : de sont des bijoux rêvés. Et la nature les a créés pour que nous nous évanouissions.